samedi 5 septembre 2020
Tanko Amadou Camille : " les Haoussas sont arrivés à Besseke vers les années 1840 - 1850 ".
Alors que des voix s’élèvent pour exiger le départ des allogènes dans les chefferies traditionnelles du canton Bele - Bele , le chef de quartier Besseke , sa Majesté Tanko Amadou Camille a décidé de rompre le silence . L’arrêté préfectoral qui le désigne chef Traditionnel de 3e degré du quartier Besseke date depuis le 11 juin 2013 , après avoir succédé à son feu père Tanko Amadou . Dans l’entretien qu’il vient d’accorder à notre rédaction , ce chef Traditionnel revient sur les faits historiques et tente de rétablir la vérité .
La communauté Sawa issue du canton Bele - Bele exige le départ des chefs traditionnels allogènes . Êtes vous au courant ?
Je vous remercie tout d’abord de me permettre d’apporter ma modeste contribution à cet épineux problème qui mine l’actualité de l’heure à Bonaberi - Bonassama . En effet , ce problème vient du fait que certaines personnes ont fait croire à la communauté Sawa en général et de Douala en particulier , que l’administration m’a nommé chef de quartier de Besseke . Or cet arrêté no 847 du 20 Août 2020 a pour objet , rectification d’une erreur matérielle . Dans l’arrêté 159 du 11 juin 2013 qui me désigne chef Traditionnel du 3e degré à Besseke , une erreur matérielle s’y trouvait notamment sur mon année de naissance . Dans cet arrêté , voici l’erreur matérielle . Né le 11 octobre " 1790" . Un fait qui sous entend que j’ai aujourd’hui 300 ans . Ce qui n’est pas possible , ni réaliste . Une erreur matérielle qui est venue entraîner un blocus dans le processus d’avancement de mes dossiers . L’administration a donc rectifié cette erreur en m’attribuant mon véritable année de naissance notamment 1970 . C’est donc cet arrêté portant rectification d’une erreur matérielle , qui donne l’impression à la communauté Sawa que je venais d’être désigné chef Traditionnel de 3e degré . Malheureusement , certaines personnes n’ont pas bien lu cet arrêté rectificatif . Je rappelle que l’arrêté qui me désigne par élection date depuis 2013. L’article 2 précise que l’arrêté 159 reste inchangé . Pourquoi depuis 2013 , il n’y a pas eu de problème ? Pourquoi maintenant ? Dans le cas d’espèce , il n’y a pas de problème entre Bonassama , Besseke , Doualas et Haoussas.
Que dit le sous-préfet de Douala 4e par rapport à cette affaire qui fait grand bruit dans le canton Bele - Bele .
Je pense que le sous - préfet sûrement a dû leur donner la vraie réponse . Il maîtrise très bien le fond de ce dossier . Il s’agissait d’une correction . La marche de ce matin ( vendredi 04 septembre 2020 ) visait à déloger Tanko Amadou Camille , fils de feu Tamko Amadou . Je tiens à préciser que contrairement à ce que les gens pensent , les Haoussas ont été adoptés par les Bele - Bele . Les Haoussas sont arrivés ici ( Besseke ) vers les années 1840- 1850 . Mon grand père est arrivé en 1890 . Les à aînés à mon papa , parmi lesquels l’un des premiers enfants est né en 1810. Nous sommes à plus de 160 années d’existence à Besseke . Nous avons trouvé cet endroit , c’était un petit îlot entouré d’eau . L’ancienne route que vous voyez , c’était de l’eau . En face de la chefferie Tanko , c’était de l’eau. On arrêtait les poissons en face de nous là . Quand les Allemands sont arrivés pour le projet du rail , plusieurs Haoussas qui étaient installés ici ont traversé le pont afin d’étendre leur extension .
Malgré ce rappel historique , l’on constate que vous êtes pourchassés aujourd’hui !
On nous dit que nous sommes des étrangers . Nous les Haoussas , nous avons une particularité .Les Haoussas sont comme le peuple Bororo . C’est une communauté qui se sédentarise à l’endroit où elle se trouve . Et ça devient leur village. Lorsque l’on dit aujourd’hui que rentrez chez vous . Nous allons partir où ? Le peuple Haoussa est le seul peuple dans la ville de Douala où les autochtones ont octroyé un cimetière pour enterrer leurs proches . Tous nos aïeux sont enterrés ici. Mon papa qui est né en 1933 est mort et enterré ici. Je suis un Haoussa de Bele - Bele . parce que ce canton nous a accueilli et adopté .
Avez-vous un problème particulier avec la communauté Sawa ?
Nous n’avons pas de problème avec les Doualas. Le problème est purement personnel entre Tanko Amadou et sa Majesté Edjangue ( chef de quartier Bonassama ) .Notre problème réside à deux niveaux . J’ai la culture du respect de l’autorité . Le chef Edjangue m’a fait savoir qu’il ne reconnaissait pas le chef du canton Bele - bele comme son chef. Or c’est ce dernier qui a fait à ce que mon père soit chef par un arrêté qui date du 7 avril 1966. Signé du préfet de l’époque Sabaleko . C’est depuis 2014 , que je lui ai signifié que tant qu’il ne reconnaît pas le chef du canton Bele - Bele comme son chef supérieur , je ne colabore pas avec lui . Il dit qu’il dépend du canton Bell , tantôt de son canton . Je sais qu’il y’a 6 cantons dans le wouri , Bell , Akwa , Deido , Bassa , Bakoko et Bele - Bele . Depuis 2018 , il a écrit aux autorités pour qu’on me destitue . Seulement , il n’a pas réussi à ce projet . Aujourd’hui , il utilise le peuple Sawa qui est d’ailleurs un peuple accueillant , hospitalier pour atteindre son objectif . Il veut les retourner contre les Haoussas . Et ça ne marchera pas .
Entretien réalisé par Didier kieretu.