mardi 30 août 2016
Depuis la fin de la semaine dernière, les épargnants de cette structure ne parviennent plus à effectuer des opérations.
Il est 9 heures ce vendredi 26 août 2016, au lieu-dit ‘’Total d’en bas’’ à Bafoussam. C’est à quelques encablures de là que se trouve la représentation régionale Ouest et Nord-ouest de la compagnie équatoriale pour l’épargne et le crédit d’investissement (Comeci). Plus près, une image est saisissante. L’esplanade de la structure est envahie de monde, des civils et des hommes en tenue. Abattus, certains civils sont assis à même le sol, tandis que d’autres sont adossés sur les murs de la structure. Sur le visage de tous, se dégagent des inquiétudes. « Je suis venu ici chercher qui devait permettre à notre association de casser sa banque dimanche (28 aout 2016, ndlr), mais on me dit qu’il n’y a pas d’argent », fulmine un épargnant en colère. « Actuellement on nous fait comprendre qu’il y a des problèmes de liquidité à Comeci. On nous rassure que nous allons entrer en possession de notre argent dans deux semaines. Mais nous sommes inquiets. La Comeci doit réagir avant au plus tard ce soir », ajoute un autre. Malgré le ton qui semble haut, l’on apprend que la veille, les épargnants étaient incontrôlables. A l’intérieur de cette micro-finance, des épargnants ont également élu domicile, mais les bureaux des agents d’accueil sont vides. Dans l’un des guichets est assise une dame, la tête posée sur une table, visiblement séquestrée par les épargnants. Au sol, des feuilles de papiers sont versés de manière disparate. Une patte cassée, un siège de bureau est couché sur l’autre qui tient encore débout. Les stigmates des actes de violence sont visibles. Le premier niveau de ce R+1 est également noir de monde. Dans son bureau, le directeur régional Ouest et Nord-ouest, est assis et gardé par des hommes en tenue. Les clients qui défilent devant ce dernier reçoivent le même message d’assurance. « La trésorerie est en baisse et on ne peut vraiment pas faire face à la forte demande de notre clientèle. Nous leur avons promis qu’au courant la semaine (qui commence, ndlr), ils seront servis. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter parce que Comeci ne va pas fermer ses portes comme disent certains détracteurs », rassure Jacques Honoré Fogang, qui vient de passer une nuit comme otage des épargnants. Seulement, les assurances de celui-ci ne suffisent pas pour édulcorer les esprits surchauffés. « Tant que nous n’aurons notre argent, nous n’allons pas partir d’ici, nous allons dormir ici avec lui jusqu’au jour où nous serons payés », lance un homme qui dit être le trésorier d’une association. « Je ne pas partir d’ici, sinon c’est la police qui viendra me prendre à la maison. On m’attend à la maison avec l’argent de la réunion », insiste-t-il.
Selon nos investigations, c’est au début de la semaine dernière que des cadres à la direction générale de cette structure, ont fait des messages à leurs proches, clients de la Comeci, les invitant à vider leurs comptes. De bouche à oreille, le message a atteint l’ensemble des épargnants. Cela serait à l’origine de la forte demande qui a fait tarir les caisses de cette micro-finance.
Par Vivien Tonfack(LNE)