lundi 10 juin 2024
Le président français Emmanuel Macron a appelé dimanche 9 juin à des élections législatives anticipées à la fin du mois, suite à la large victoire du parti de sa rivale, Marine Le Pen, lors du vote au Parlement européen.
Le parti de droite radicale de Mme Le Pen, le RN (Rassemblement national), est en passe de remporter 32 % des voix, selon les sondages, soit plus du double du parti du président, la Renaissance.
En annonçant la dissolution du parlement, M. Macron a déclaré que le nouveau vote se déroulerait en deux tours, le 30 juin (1er tour) et le 7 juillet (2e tour), quelques semaines avant les Jeux olympiques de Paris.
M. Macron a pris cette décision spectaculaire et surprenante lors d’un discours télévisé au palais de l’Élysée, une heure après la clôture du scrutin et la publication des sondages de sortie des urnes pour les élections françaises à l’Union européenne.
Sa décision est intervenue peu après que le chef du RN, Jordan Bardella, 28 ans, a ouvertement appelé le président à convoquer des élections législatives.
« J’ai entendu votre message », a déclaré le président aux électeurs français, « et je ne le laisserai pas sans réponse ».
« La France a besoin d’une majorité claire dans la sérénité et la concorde », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il ne pouvait se résigner à la progression de l’extrême droite « sur tout le continent ».
Aujourd’hui, deux ans seulement après le début de son deuxième mandat présidentiel, Macron n’a plus de majorité au parlement français et, bien que ce vote européen n’ait en théorie aucune influence sur la politique nationale, il a clairement décidé que la poursuite de son mandat sans nouvelle consultation populaire mettrait trop de pression sur le système.
Mme Le Pen, qui a été battue deux fois par M. Macron lors des élections présidentielles, a immédiatement réagi en déclarant que son parti était « prêt à exercer le pouvoir, prêt à mettre fin à l’immigration de masse ».
La convocation d’élections anticipées est une énorme surprise pour le pays et un risque considérable pour le président Macron.
Il aurait pu réagir différemment. Il aurait pu simplement continuer, expliquant la victoire massive de l’extrême droite comme une aberration européenne qui serait corrigée lors d’élections plus importantes.
Il pouvait surtout compter sur les Jeux olympiques de Paris pour éloigner les gens de la politique pendant quelques mois.
C’est certainement dans ce sens que beaucoup pensaient qu’il réagirait à la défaite de son parti.
Mais on ne peut que supposer que le président l’avait prévu et qu’il avait planifié sa réponse à l’avance.
Le résultat a certes été une réplique presque exacte des sondages, il a donc eu tout le temps de réfléchir à ses options.
Il n’en reste pas moins qu’il est en difficulté.
Sans majorité, l’adoption d’un projet de loi à l’Assemblée nationale relève de la gageure. La majorité du pays étant désormais clairement contre lui, toute nouvelle législation - par exemple le prochain budget - risque d’être explosive.
Il a donc opté pour la « clarté ». Si le RN a la majorité des voix, alors, dit-il, il doit avoir la possibilité de gouverner le pays.
Le président espère évidemment que son parti, la Renaissance, parviendra à se battre lors des élections du 30 juin et du 7 juillet. Ou que d’autres partis fassent mieux.
Mais il doit se rendre compte que les probabilités sont favorables à une nouvelle victoire du RN. Peut-être pas aussi large que celle de dimanche, mais suffisante pour devenir le premier parti au Parlement.
Nous pourrions alors avoir un Premier ministre, Marine Le Pen, ou même Jordan Bardella.
Source : BBC