jeudi 3 décembre 2015
L’ancien ministre en charge de l’Agriculture a quitté le pays au petit matin d’hier pour la France.
C’est par un avion médicalisé qu’Essimi Menye a quitté le Cameroun hier aux environs de 4h pour la France. Après une escale par Douala. Après trois semaines d’immobilisme à l’hôpital de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) de Yaoundé, l’ex-ministre de l’Agriculture et du développement rural (Minader) qui sollicitait une évacuation sanitaire pour un suivi plus rassurant du malaise dont il souffrait et qui peinait à trouver solution au pays, a finalement pu se faire comprendre de Paul Biya, le chef de l’Etat. « Il a été évacué sur hautes instruction du chef de l’Etat », soulignent ses proches. « Lundi soir à l’aéroport International de Douala, ils étaient des centaines, à venir témoigner de leur reconnaissance et celle de la patrie, au ministre Essimi Menye pour ses bons et loyaux services durant son passage au gouvernement. Amis, familles et connaissances ont entonné des chansons pour saluer le « geste fort du président Paul Biya », décrit Nestor Nga Etoga, le correspondant au Cameroun du site internet alwihdainfo.com.
Dans les cercles proches du prédécesseur d’Henry Eyebe Ayissi, on exulte beaucoup, tant son évacuation a fait couler beaucoup d’encre et de salive « le chef de l’Etat, en accordant une évacuation sanitaire à l’ancien ministre des finances et ex-ministre de l’agriculture et du développement rural, vient ainsi démontrer qu’il reste le seul commandant dans le bateau camerounais », se félicite Patrick Feuso, homme d’affaires, rencontré par le reporter d’Alwihdainfo.
L’arbitre Biya a sifflé la fin de la récréation
Pour autant, on rumine une colère contre les exécutants de l’instruction présidentielle. « Il est pris en charge par son assurance, parce que le système n’a pas voulu débloquer l’argent nécessaire pour ses soins là-bas », dénonce un proche de la famille. Avant de recadrer, en éliminant Paul Biya du cercle des « ennemis » de son ancien collaborateur : « Les gars ont refusé de payer les frais afférents, alors que c’est le chef de l’Etat lui-même qui a décidé de l’évacuation, et ce qui suppose la mise à sa disposition de moyens financier ». Notre source ne comprend pas que « quand il était ministre en son temps, il a débloqué plus de 60 milliards de francs pour les évacuations de Camerounais, même les plus inconnus, mais à son tour, même pas un copeck ». Mais le plus important ici, c’est désormais le dénouement d’une affaire qui a « trop duré ».
C’est la fin d’une longue affaire. L’ancien argentier national, âgé de 64 ans, arrive à l’hôpital de la Cnps le 15 octobre 2015, suite à un malaise consécutif à une chute dont il a été victime quelques semaines avant, lors d’une tournée dans le Sud-ouest, en tant que ministre de l’Agriculture. Certains parlent d’un Avc, mais des proches avancent l’argument d’une hernie discale suite à l’inflammation du nerf sciatique, « parce qu’il s’est fait masser alors qu’il ne le fallait pas », explique un ami du malade. Entre temps, dans la presse, dénoncée par l’entourage d’Essimi Menye, on soupçonne l’homme de vouloir simuler une maladie pour s’enfuir. Evoquant des poursuites judiciaires relatives à sa gestions de certains dossiers comme la liquidation d’Amity bank, ou encore la Société camerounaise de tabac. Faux, « il a été entendu en janvier 2014, mais depuis plus rien. Il n’existe aucun dossier contre lui, il n’est sous aucune inculpation ; comment peut-il chercher à s’enfuir ? » rétorque un ami d’Essimi Menye. Même le ministre de la Santé publique s’est contenté de proposer une évacuation soit à l’hôpital général de Douala, soit à l’hôpital de référence de Sangmélima dont les plateaux techniques seraient un peu plus relevés. Mais il n’en sera rien. Paul Biya a finalement décidé autrement. D’aucune parlent d’évasion.
Par Lindovi Ndjio(LNE)